SWQW (FR)
Voitures qui filent au gré d’une cartographie vécue ou rêvée, ondes radio découpées sur les pointillés du voyage : le nouvel album de Janek Schaefer capte, écoute et s’attarde, au bord des routes.
S’il s’agit de son premier album pour le label 12k de Taylor Deupree, le britannique Janek Schaefer possède à ce jour une discographie déjà bien riche et conséquente, et a été à l’origine de nombreuses installations sonores. On a pu le croiser sur des labels tels que Room40, Line ou Spekk, ou aux côtés d’artistes tels que Philip Jeck, Pan•American ou encore Stephan Mathieu (voir, notamment, leur très beau Hidden Name paru en 2006).
Il y a quatre ans, Janek Schaefer avait donné le jour à son installation Asleep at the Wheel. L’autoroute était alors envisagée comme cette voie rapide (autrement dit : la vie) dans laquelle la société plongerait l’individu. Un individu dont la tête resterait suspendue à ses rêves tandis que ses pieds rivés au sol ne feraient qu’espérer l’infini du tracé devant lui.
Au-delà de cette métaphore, Lay-by Lullaby réinvestit cette thématique chère à Janek Schafer qui, pour cet album, imprègne ses enregistrements (réalisés de nuit, au-dessus d’une autoroute) de boucles de mélodies éparpillées et de diverses captations sonores. De la répétition, le britannique tisse alors une douceur rassurante et concentrique, libérée du poids du temps.
Décliné en douze morceaux autour des fréquences FM, Lay-by Lullaby requiert un niveau sonore suffisant pour ne pas passer à côté des infinies variations des sources qui se répondent tout au long des pistes. Les nappes fréquentielles vacillent dans la lumière des phares, la voix dans l’autoradio finit par se décrocher du réel. Nous parviennent ainsi des éclats lointains de mélodies qui s’éteignent, des grésillements, des souffles.
Mais Lay-by Lullaby, c’est aussi une certaine recomposition autour du mouvement. On assiste au défilement du monde, sans y prendre part, sur le bas-côté. Les voitures passent et puis se fondent, les lumières glissent sur le paysage qui reste presque inchangé, tandis que les ondes sonores, itératives, finissent par regagner l’immobile.