Review of In The Lens [12k1086]

Revue & Corrigée (FR)

2016 Une musique qui nous vient d’Argentine, parue sur le label de Taylor Deupree. Pe-tite musique ambiant faite de mélodies légères, tournoyantes, aux sons cristallins, aux échos de carillons, auréolés de légères impuretés, dans la qualité des petits souf-fles. Des ritournelles aux notes claires, où se greffent des souffles, du frottement, voire des sons de touches de mise en route qui se perdent dans les réverbéra-tions. Une musique toute en circularité, croisant notes espacées et boucles, util-isant résiduels, souffles et accidents (« pocs » de boucles), laissant couler des boucles chuintantes au son voilé, légère-ment altérées, au rythme parfois légère-ment bancal. Parfois, on y entend des voix quotidiennes et des petites cordes percutées, créant une ambiance familière et poétique (ou la musicalité du quoti-dien), comme ce passage avec un enfant qui chante, accompagné de voix adultes puis de chuchotements qui se perdent dans un souffle. La liste des instruments utilisés est précise et simple en même temps : lyre auris percutée avec un crayon noir, boîtes à musique, piano, synthé, pe-tits objets, coupelles de cristal jouées avec un « couteau peigne » comme archet, boucles, ciseaux et scotch… Et toute la chaîne du matériel utilisé est citée : mi-cro contact, écho Roland, Mackie, Fostex X18, minidisc et Sony TCM-2000D, et même une chouette en bois… Tout ceci aboutit à une musique calme et sereine, qui peut rappeler le Cluster de Moebius et Roedelius, période afier the heat, avec, en sus, des apports de l’electronica (faire entendre les aléas du matériau), auxquels on pourrait adjoindre des relents du desintegration loops de Basinski — créant quelque chose de l’ordre du nostalgique, dont un titre comme « Recuerdos en Su-per 8 » peut témoigner. Aspect renforcé aussi par une certaine lancinance des morceaux, qui s’égrènent, dotés d’un son souvent voilé. Une musique faussement simple et directe, et en réalité sobre, fine et poétique.

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