Review of Aix [12k1051]

Onde Fixe (FR)

Deuxième album pour le compte de l’exigeant label 12k, Aix voit le passionnant Giuseppe Ielasi transposer ses ambiances électro-acoustiques dans un contexte où les rythmiques concrètes prennent forme.

Sur une trame ambient réduite où le travail de la matière sonore reste un souci de premier ordre, l’expérimentateur italien superpose et enchaîne boucles lentes et minimales, samples morcelés et esquisses rythmiques élaborées à partir de sources sonores variées et dématérialisées. Laissant une large place à l’espace, ces éléments s’imbriquent en donnant l’illusion de le faire, sinon de manière aléatoire, avec un décalage permanent qui instaure une sensation de flottement qui sied fort bien à la délicatesse de l’ensemble.

Derrière cette approche de prime abord clinique et systématique (où le superflu n’a pas sa place, et ce jusque dans les titres anonymes et concis), la musicalité n’est pas en reste: ainsi des mélodies aux contours nets apparaissent dans les engrenages de piano, guimbarde et djembé de la 3ème pièce, sorte de bref écho aux ambiances claustrophobes du Silur de Tarwater.

Si à de rares occasions, l’accent est mis sur un travail plus linéaire de textures synthétiques et cristallines, la nouvelle attirance de Ielasi pour ces canevas rythmiques qui font écho à l’artwork très architectural, nous promènent sur des territoires dub au groove jazzy, marqués de basses rondes et pulsations sourdes.

L’italien, qui s’en est allé enregistrer cet album à Aix-En-Provence, nous gratifie d’un supplément d’âme et de chaleur très palpable en fin de parcours. La pénultième pièce mêle ainsi samples morcelés de guitare, harpe, marimba et trompette, et les réagence en un lent ballet mélancolique et profondément humain. L’état de léger spleen perdure sur un final où notes étirées d’accordéon et de cuivres accueillent de bien jolis motifs tricotés par une contrebasse des plus dextres.

Du très bel ouvrage, presque Aix-emplaire.

[8.5] – Sébastien Radiguet

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