Musicareaction (FR)
Dans les hauts-fonds avec Taylor Deupree
A la fin des années 1990, lorsque Taylor Deupree fonde son label 12K et enregistre son premier CD, son approche se veut rigoureusement minimaliste et synthétique, reflétant le caractère urbain de l’univers dans lequel il vit et travaille. A l’origine de ce que l’on appellera alors la “microscopic music”, le producteur et compositeur américain garde les racines de ce qui fit la techno, tout en éradiquant toutes traces de danse dans ses productions.
Avec Shoals, deuxième album solo depuis son déménagement de Brooklyn dans les régions rurales de l’État de New York, Deupree conserve l’option minimale mais sa musique se fait plus organique, plus en spontanéité. La musique jusqu’alors détachée de l’artiste, prend une nouvelle forme, et on s’étonne même d’y trouver une certaine chaleur.
L’album a son origine dans une résidence d’artiste à l’Université de York au Royaume-Uni, où Deupree a échantillonné les sons de la vaste collection d’instruments javanais et balinais du collège (principalement des gamelans). Des instruments que Deupree utilise de façon non-orthodoxe, en jouant de l’union du bois et du métal, effleurant les surfaces, créant de nouvelles textures et les mêlant aux bruits ambiants qui l’entourent au moment de la prise de son. Toujours minimalistes, mais habitées d’un charme presque lyrique, les quatre pièces sont composées de drones qui se répètent doucement et évoluent avec lenteur. Leur qualité d’épure renforçant l’effet envoûtant de l’ensemble, donnant l’impression d’une lente immersion, d’un voyage aquatique, dans les hauts-fonds de la musique contemporaine. Une très belle pièce pour l’été.
par Maxence