Review of Post_Piano 2 [12k1032]

MCD (FR)

Sonorités urbines pour instrument acoustique. Avec Post_Piano 2, les compositeurs Taylor Deupree (12k) et Kenneth Kirschner présentent d’une oevre qui a vu le jour en 2002. Explorant l’interaction entre un instrument acoustique et son environnement, leur album enrichit les travaux des minimalistes Américains en créant en paysage sonore electro-organique.

On le sait, aujourd’hui la MAO s’est démocratisée et l’utilisation de l’outil informatique dans la composition s’est largement banalisée. Il ne suffit donc plus aux créateurs contemporain de bénéficier d’un micro-ordinateur et d’en jouer comme d’un instrument en enregistrant ses bruits internes (souffle du ventilatteur, crépitement des sorties audio, craquements du disque dur, saturation de fichier midi…) pour créer cette musique “industrielle microscopique” comme la nommait Anton Nikkilä de NB Research, dans un précédent numéro (voir MDC #05). Pour produire des boucles hypnotiques, des répétitions et des textures riches et variées, un instrument acousticque analogique fait trés bien l’affaire. Les minimalistes Américains et anglais en ont fait la démonstration, il y a plus d’une trentaine d’années. Ainsi Taylor Deupree – qui déclarait, il y a 2 ans, dansle magazine en ligne Chronicart, faire de la musique minimaliste en réaction aux bruits de la ville de New York – prouve qu’il sait aussi inclure son travail dans l’environnement urbain tout en s’éloignant des canons de la création numérique actuelle.

Sa collaboration avec le pianiste Kenneth Kirschner sur Post_Piano 2 s’envisage alors comme le résultat de l’inévitable parasitage sonore d’un événement musical par les bruits ambiants d’une grande cité. Comme le signal Kirschner dans le trés beau livret de l’album, en s’appropriant de “11.11.2003” (“November 11, 2003”, morceau original du pianiste), Deupree offre à l’auditeur une réflexion sur le son et son interaction involontaire avec le contexte dans lequel it est interprété.

Un field recording, ou paysage de son, “post_analogique” pour support “post_classique” en somme. Post_Piano 2 est aussi une manière d’exposer les liens qu’unissent les techniques d’enregistrements et de compositions, du plus high-tech au plus low-tech. “Minimalisme, ambiant, technologie, field recording”, on le voit, malgré le parti pris de l’instrument d’origine, Post_Piano 2 reflète toutes les préoccupations du chef de file des nouveaux minimalistes américains et patron du label 12k.

Les amateur reconnaîtront également la direction artistique particulière propre à Deupree, son souci de jouer avec les sons accidentels: le passage du métro (qui se troube non loin du studio de Kirschner, détail révélé dans le livret), le bruit de la rue, le craquement mécanique du vieux piano… Kirschner signale d’ailleurs l’intense collaboration entre lui et Deupree et son désir personnel de voir ce dernier exagérer cus sonorités externes en leur donnant la relief de la ville de New York. Une sensation de touffeur estivale dans une mégalopole assoupie s’empare alors de l’auditeur attentif des quatre morceaux de ce disque. Une version archaïque d’une musique “post_industrielle” passée à la moulinette du numérique. Sensation parfairement définie par le packaging soigné du CD (Taylor Deupree est graphiste et photographe de formation), qui offre en plus quelques belles photo en noir et blanc du quartier où furent enregistrées les prises de son originelles.

Dernière curiosité de l’album, les quatre pièces présentées sont offertes aux auditeurs/compositeurs aventureux comme un projet open-source, à la manière des logiciels libres. Le disque étant produit sous la licence “Creative Commons sampling plus”, il permet la ré-appropriation de ce travail et sa transformation.

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