Liability (FR)
« Isolation, solitude, contemplation »… C’est ainsi que se définit ce disque aux résonances glaciales et intemporelles qui a été le fruit de la collaboration entre Ryuichi Sakamoto et Taylor Deupree. Une collaboration qui n’est pas inédite puisque le deux hommes ont déjà travaillé ensemble par le passé, Sakamoto publiant même un disque en compagnie de Christopher Willits sur le label de Deupree, 12k. C’est d’ailleurs sur ce même label que Disappearance est paru. Pour autant, la base de cette nouvelle rencontre est un concert commun qui s’est tenu dans le club de John Zorn. La commodité d’être dans la même ville a permis à Sakamoto et Deupree de concevoir ce disque sereinement. Et c’est bien de sérénité dont il est question sur ce disque, en complément de ce qui a été dit plus haut. En effet, Disappearance laisse une belle part à des paysages quasi immobiles, où l’on peut prendre le temps de s’écouter respirer, voir chaque mouvement avec le plus infime des détails, d’entendre le battement de nos cœurs et laisser le temps s’écouler lentement histoire de bien prendre conscience de son importance sur nos vies. Certes, ce genre d’effort a déjà été fait, notamment pas nos deux protagonistes mais il n’en demeure pas moins que la beauté de Disappearance ne fait pas vraiment de doutes. Ici, chacun a son rôle. Sakamoto au piano et les effets électroniques, Deupree aux synthétiseurs, bandes, boucles et à la guitare acoustique. Les deux se complètent, se rencontrent mais ne s’opposent pas. La beauté froide et contemplative du piano vient alors se greffer aux glitchs et nombreux détails électroniques. On dépeint ici des décors, des paysages qu’ils soient fantomatiques ou habités par une faune invisible mais pas silencieuse. On observe et on ne fait que cela. On ne prend pas part à ce qui se passe autour de nous. On l’écoute, on s’en imprègne mais on ne peut faire vraiment plus qu’essayer de distinguer et d’apprécier les nombreux détails distillés par les deux hommes. Il n’en demeure pas moins que Disappearance est un bel exercice de style. Du moins tout à fait digne de la renommée de Ryuichi Sakamoto et de Taylor Deupree.