Liability (FR)
Il n’a jamais été vraiment très simple d’aborder le travail de Kenneth Kirschner. Et c’est sans doute plus vrai avec ce nouvel album qui tient sur trois disques entiers. Je n’ai jamais un adepte des trop longs formats mais se faire violence pour Kenneth Kirschner ce n’est pas insurmontable même si on sait que rien ne sera évident au premier abord. Pour qui aura déjà eu affaire avec Filaments & Voids sait par avance de quoi je veux parler. En un peu moins de trois heures l’américain dessine soigneusement ces croquis abstraits au gré d’une approche tout à fait non électronique. D’ailleurs, par souci de facilité, il aurait très bien pu se concentrer sur cette même électronique pour y puiser sa matière première. Cependant, Kenneth Kirschner n’est pas fait de ce bois là et c’est bien en utilisant instruments à vent ou à cordes (dont le piano qui est son joujou le plus familier), des xylophones, des plaques métalliques qu’il a conçu ces quatre pièces qui, comme d’habitude, portent comme nom leurs dâtes de création. En soi, dans ce substrat néo-contemporain, Kenneth Kirschner fait sans doute les choses bien et dans les rêgles mais on se dit qu’on tourne un peu en rond en fin de compte. Mais alors, que reste t’il à Kenneth Kirschner pour qu’il ne nous abreuve pas d’ennui ? Il lui reste cette capacité à construitre des sculptures avec une précision d’un joailler du meilleur cru. C’est un talent qu’on lui reconnaît volontiers et qu’on ne peut raisonnablement pas mettre en doute. L’homme est vraiment méthodique mais pas spécialement austère. Sur ce dernier point ce n’est pas toujours évident, surtout quand on écoute le deuxième cd mais c’est surement là qu’il faut être le plus attentif. On se rend alors compte que le contenu proposé par notre homme est certes assez « classique » mais dont la qualité est plus qu’acceptable. La seule question qui domine est de savoir si on restera sur un status quo ou si Kenneth Kirschner saura trouver les ressources pour aller plus loin. Pour le moment son champ d’expérimentation semble lui suffire. Ce qui serait bien c’est que cela puisse être toujours réciproque.