Review of Filaments & Voids [12k1050]

Liability (FR)

La plupart du temps Kenneth Kirschner diffuse son œuvre sur son propre site et ce de manière tout à fait libre. Cependant cela ne l’empêche pas de sortir des disques comme ce massif Filaments & Voids qui a été publié sur le label de son camarade Taylor Deupree: 12k. Un double album qui, selon les dires de Kirschner lui-même, a des racines cosmologiques. On le croit volontiers, surtout quand on se met à écouter les premières mesures de l’album. Sur chaque disque il y a pourtant une approche différente de la chose. Le point commun réside dans cette forme de minimalisme électronique et une expérimentation introspective forte. Les trois morceaux qui composent le premier disque sont purement électroniques. Leurs caractères sobres, spatiaux et abstraits ne sont pas spécialement une surprise quand on connait la globalité des compositions de l’Américain. Enregistrés à des périodes complètement différentes (chacune des pièces de Kirschner ont comme nom la date de leur enregistrement) on note cependant dans ces morceaux une unité et une certaine constante. On y entend donc une musique minimaliste, flottante et quasiment fantomatique. On se déplace dans un espace froid, presque clinique et aseptisé. Il faut alors une profonde concentration pour enclencher une alchimie totale avec la musique de Kirschner. A vrai dire un disque comme Filaments & Voids ne peut être apprécié que de cette manière.

Sur le deuxième disque Kenneth Kirschner revient à son instrument de prédilection : le piano. En effet, ce n’est pas la première fois qu’il aborde cet instrument. Avec Taylor Deupree il a déjà sorti trois albums autour du piano. Ici, avec “March 16, 2006”, longue pièce de plus d’une heure dix et qui est dédicacée au neuroscientifique Jimmy Schwartz, Kenneth Kirschner pousse l’expérimentation vers des territoires plus sombres, plus brumeux et aux contours plus flous. Basée sur la lenteur et confronté à des séquences de silence, cette longue pérégrination vers l’obscur se divise en deux parties. Pendant plus de quarante minutes c’est les épanchements électro-pianistiques de Kirschner qui l’emportent. Au-delà ce sont des nappes électroniques minimales qui prennent le dessus. Une pièce sonore que l’on pourrait qualifier de néo-contemporaine ou néo-concrète mais, dans l’un ou l’autre cas, on ressort fasciné et complètement vidé par autant d’intensité et de profondeur. Filaments & Voids n’est sans doute pas une œuvre révolutionnaire, au niveau de la forme, mais il montre que le label 12k est au niveau des plus grandes structures diffusant de la musique électronique expérimentale et minimale tel Touch et Raster Noton.

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