Liability (FR)
Il aura fallu deux ans pour que le travail amorcé aboutisse enfin par la sortie du présent disque. Frank Bretschneider, fondateur entre autres de Raster-Noton, et Ralph Steinbrüchel se sont envoyés, pendant cette période, les séquences sonores qui ont servi à l’établissement de ce disque. Ce travail à distance s’est révélé plus que payant. Il ne pouvait pas en être autrement avec ces deux hommes d’expérience. Mis à part Raster-Noton, F.Bretschneider avait déjà réalisé deux disque pour 12k, un sous le nom de Komet (Rausch – 2000) et l’autre sous son propre nom (Looping I-VI – 2004). Il a également sorti de nombreux albums sous différents labels comme Mille Plateaux, Whatness, Bip-Hop, Fällt ou Audio.NL. R.Steinbrüchel a lui aussi sorti plusieurs disques sur Line, Domizil, Binemusic, ATAK, List ou Cut. Cette collaboration avec F.Bretschneider n’est pas la première puisque par le passé il s’est déjà distingué aux côtés de Jason Kahn, Kim Cascone ou Günter Müller. Sur le papier la rencontre semblait être des plus passionnantes. Force est de constater que le résultat va quasiment au-delà de nos espérances.
Cela faisait un petit moment que la musique électronique minimale n’avait pas été représentée par un disque de cette qualité. Tout du moins on se croirait revenu aux grandes heures de l’électronica, où l’on croyait sincèrement que cela allait tout révolutionner, qu’on partait vers des horizons riches en découvertes sonores et en formes musicales. Cet élan s’est quelque peu brisé ces dernières années avec cette impression que l’on tourne un peu en rond, que tout aurait été presque dit ou fait et que nous ne vivons qu’une période transitoire, en attendant mieux. Ce mieux viendrait peut-être de gens comme F.Bretschneider et R.Steinbrüchel qui sont très loin d’avoir rendu les armes. Et cet espoir n’est pas mince. Status combine tous les ingrédients d’une musique électronique minimale intelligente qui se révèle comme une véritable tête chercheuse en matière de structures sonores et d’expérimentations alambiquées. Jamais les deux hommes ne se perdent dans des formes consensuelles. Au contraire, tout est fait pour donner aux compositions des rythmes aléatoires, accidentés, agrémentés de bleep savants qui s’intercalent sur des nappes électroniques obsédantes. Status est autant un disque lumineux que le résultat d’un travail millimétré. L’art et la manière de combiner le sensible et la technicité. On en redemande.