Liability (FR)
Si on connaissait déjà Taylor Deupree, entre autre patron du label 12k, pour avoir chroniqué quelques-uns de ces disques, on en sait un peu moins sur Kenneth Kirschner. Ce New-Yorkais, qui explore les voies expérimentales de la musique, a déjà publié pour nombre de labels, dont Sub Rosa, Autoplate ou Thinner. On peut également avoir un aperçu du travail de Kirschner sur son propre site (ici). La collaboration entre les deux personnages n’est pas neuve et ce disque est la continuation d’un travail entamé quelques années auparavant. Ici tout est basé sur le quatrième morceau, “11.11.2003”, composé et joué uniquement par K.Kirschner. Une pièce longue de près de 19 minutes interprété sur un vieux piano qui est une suite de segments courts accompagné par une sorte de souffle sourd qui ne serait, en fait, que le bruit de trains qui passent à proximité et de manière régulière. Minimal à souhait “11.11.2003” combine les silences et les courtes phases de piano qui sont comme des images fixes et aux ambiances inertes et quasiment autistes. C’est sur ce morceau, donc, que Taylor Deupree a pu se baser pour créer les trois autres pièces. A partir de traitements électroniques, T.Deupree donne une dimension nouvelle à la composition de K.Kirschner. En réalité trois dimensions puisque Deupree a à chaque fois favorisé une approche différente mais qui reste dans une dominante moderniste. On retrouve les nappes ambiantes et tout ce qui peut avoir attrait aux musiques abstraites. Le piano de Kirschner est alors détourné du sens premier qu’il lui avait donné pour prendre une forme moins passéiste et auréolé d’une sonorité qui est à mi-chemin entre l’acoustique et l’électronique. Si le premier morceau ré-interprété par Deupree est d’une netteté sans faille le second est son absolu opposé. Les traitements électroniques sont maltraités, sales et proches d’une sorte de bruitisme où le piano tente de surnager et de s’imposer pas tous les moyens. Et quand cette tempête sableuse s’atténue c’est pour mieux entamer des séquences mécaniques qui s’emboîtent parfaitement avec les segments musicaux de Kirschner. Enfin le troisième morceau serait un peu la synthèse des deux premiers. Entre musique ambiante contemplative, néo-contemporain et déstructuration noisy. Si la composition de K.Kirschner était dominé par une forme de silence inquiétant les ré-interprétations de T.Deupree comblaient tous ces vides en donnant une substance supplémentaire au piano sans âge du New-Yorkais. Post_Piano 2 n’a pas pour vocation d’être un disque évident. Le contraire eut été étonnant. Cependant cet album ne se replie pas sur lui-même, laissant passer une espèce de lueur pale qui donne cette impression d’ouverture légère mais jamais impossible.