EtherREAL (FR)
Se lancer dans l’écoute d’une nouvelle publication de Kenneth Kirschner, c’est très souvent s’atteler à plusieurs demi-heures d’écoute d’une ambient composite. De fait, ces pages avaient pu rendre compte d’un double CD, puis d’un triple CD, avec des morceaux de quelques dizaines de minutes chacun, aux résultats pas toujours convaincants tant la durée n’était pas forcément maîtrisée. Avec Compressions & Rarefactions, le New-Yorkais pousse encore davantage cette logique puisque l’album se décline en une version CD (un seul disque, constitué de deux morceaux de trente et vingt-cinq minutes environ) et une version digitale longue de six heures et quarante minutes (!) avec deux titres dépassant les deux heures chacun (! !). La prochaine fois, on peut donc s’attendre à une sortie s’étirant sur une dizaine d’heures…
Limitant notre recension à la version physique, on débute celle-ci par September 13, 2012 (l’États-Unien étant fidèle à son habitude d’intituler ses morceaux par la date à laquelle a débuté leur enregistrement), pièce ambient faite d’une superposition de mini-larsens et autres éléments acérés, parsemés de quelques touches chromatiques (provenant d’un Glockenspiel ou d’une boîte à musique) agissant telles des perles de pluie. Sur la fin du morceau, ces dernières laissent leur place à des participations, tout aussi discrètes et lointaines, de piano pendant que des traits, entre crissements sur une cymbale et fade in électroniques, sont mis au premier plan.
Nettement plus surprenant et, partant, plus enthousiasmant, April 16, 2013 livre une cascade de petites notes, issues de clochettes, Glockenspiel et métallophone, tous réunis pour tinter de concert. Si le travail sur la répétition peut sembler un peu monotone sur la longueur des vingt-cinq minutes (surtout que l’intensité, le volume et la fréquence des interventions ne varient guère tout du long), l’aspect joliment mélodique comme le caractère léger et délicat de la composition emportent l’adhésion. De surcroît, dans son dernier tiers, le morceau intègre des notes un peu plus graves (comme si, après avoir laissé opérer des instruments soprani, des alti apparaissaient), démontrant que, malgré tout, Kirschner sait faire évoluer ses titres.