EtherREAL (FR)
Comme annoncé il y a deux ans, au moment de la recension de Tele, Pjusk revient sur 12k pour son nouvel album, et en profite pour revenir à une ambient plus traditionnelle après un intermède plutôt expérimental. Néanmoins, afin de livrer autre chose qu’une simple superposition de couches sonores et de sortir du tout-venant de l’ambient composite, les Norvégiens ont fait le choix de partir de sonorités produites par la trompette de Kåre Nymark Jr., présent tout au long de l’album mais en filigrane. De fait, il peut s’agir soit de solliciter le musicien pour intervenir en quasi-solo sur les nappes réalisées par les deux membres de Pjusk, soit de se servir d’une note tenue ou du souffle généré par l’instrument, traité ensuite par Taylor Deupree, pour rejoindre les autres matériaux.
Dans ce contexte, la seconde veine se situe globalement dans la droite lignée de ce que Pjusk a pu offrir jusqu’à présent (tout du moins sur ses albums sur 12k puisqu’on retrouve même des titres de pure ambient anxiogène, travaillant sur l’aspect inquiétant du souffle de la trompette (Streif, Diffus, Demring ou bien le caudal et convaincant Skimt dont les neuf minutes cinquante permettent de déployer des velléités plus aventureuses). En alternance, la première voie diffère quelque peu et conduit les deux Norvégiens à explorer un chemin proche d’une forme de jazz expérimental alangui, avec glitchs ralentis, triturations et micro-larsens (Gløtt, Blaff, Sløret, Glød). Apportant de la chaleur et une profondeur supplémentaire aux compositions de Rune Sagevik et Jostein Dahl Gjelsvik, la trompette favorise donc le renouvellement d’un propos peut-être trop monocorde par ailleurs.
Cette volonté de travailler dans un double registre (compacité sombre des textures et ampleur de la trompette) se manifestait déjà dès le titre de l’album, mot-valise norvégien, puisque Sol signifie « soleil » et Støv, « poussière ». Au-delà de ce clin d’œil et du classique travail sur le contraste qu’il induit, il est certain que ce nouvel apport (en sus de celui, habituel, d’Anders Voldsund à la guitare) s’avère particulièrement bénéfique, nous amenant à considérer plus favorablement que dans notre souvenir la carrière de Pjusk.