Ethereal (FR)

Avec Faint, Taylor Deupree raccourcit l’espace entre deux publications puisqu’au lieu des trois ou quatre ans habituels entre deux disques personnels, entrecoupés de sorties collaboratives, deux ans et demi se sont écoulés depuis Shoals. Période relativement courte et schéma presqu’identique au final : cinq morceaux plutôt longs (entre neuf et douze minutes) avec des bribes mélodiques, quelques éléments plus lumineux et un travail sur le minimalisme musical. En revanche, après l’essai d’instruments balinais et javanais, ce nouveau long-format voit le New-Yorkais revenir vers ses matériaux de prédilection ; de fait, hormis une guitare jouée par Cameron Webb (de Seaworthy) sur Shutter, tout le reste est interprété par Deupree lui-même.

Grande délicatesse, qualité du toucher et de la mise en place des composantes, aspect vibrionnant de l’ensemble tout juste parcouru de souffles épars : la proposition faite par l’Étatsunien se fait une nouvelle fois particulièrement convaincante et invite tout naturellement au voyage intérieur. Quand la guitare de Webb intervient, une inclinaison vers un certain post-rock alangui s’opère alors, au gré des notes ourlées de l’instrument de l’Australien, enrobées par les textures plus complexes de Deupree. Parfait intermède au milieu de morceaux complètement ambient, uniquement fait de superposition de couches, Shutter s’apprécie ainsi à double titre : pour ce qu’il est en tant que tel, mais aussi comme respiration au sein d’un album encore une fois concluant.