Ethereal (FR)
Etrange disque que cet album de Kenneth Kirschner. Non seulement, en ces temps de “copy controlled” et de paranoïa aiguë des majors, il y est indiqué “this music may be freely copied”, mais, composé de trois pistes, nommée chacune de la date du début de leur enregistrement, il nous propose, en effet, une triple vision de l’univers de ce musicien, à partir de trois matériaux différents: “piano and found objects”, “software synthesizers et MP3s”.
Le premier morceau (“September 19, 1998”) marie donc notes éparses de piano et tintement d’objets divers, apparemment plutôt issus d’une cuisine. Si l’ensemble paraît assez vite lassant sur disque, on se prend à imaginer la très intéressante dimension scénique que pourrait prendre un tel titre: lançant des boucles via un laptop, Kirschner se déplacerait pour aller piocher, au hasard, tel ou tel ustensile et venir en jouer devant le micro; samplant et superposant les divers sons ainsi obtenus, il ferait se rencontrer sons métalliques des instruments de cuisine et chaleur caressante des notes de piano. Moins expérimental, davantage porté sur l’ambient, “September 27, 2002” peut se voir comme un hommage à Taylor Deupree, manager de 12k et avec lequel Kirschner avait fait un album sur Sub Rosa, et une profession de foi pour le label de Brooklyn. Travaillant, comme le new-yorkais, sur la confrontation entre nappes et sonorités micro-électroniques, Kenneth Kirschner signe un morceau typique de 12k, fait montre d’une incontestable aisance en la matière et explore la totalité du spectre de ce genre musical pendant les dix-huit minutes du titre (calme, saturation, granulosité, réverbération des textures, etc…).
Moins convaincant, “February 8, 2003”, mix de mp3s glanés çà et là, ne trouve pas véritablement sa voie, repoussant trop loin en arrière-plan des éléments qui auraient mérité une meilleure exposition. – François Bousquet