Ethereal (FR)
Sortant sur 12k, label de Brooklyn fondé par Taylor Deupree, le premier album de Sogar, alias Jürgen Heckel est aussi apaisé que pouvait le laisser prévoir sa pochette, paysage nu dont on ne sait pas très bien s’il s’agit d’une piste d’atterrissage ou bien des abords d’une piscine. Principalement composé de nappes accueillantes et de glitchs mélodiques (ces petits larsens discrets, jamais violents popularisés par les artistes du label Mille Plateaux), ce disque n’est jamais ni froid ni glacé. Au contraire, Sogar arrive à influer dans ses textures et craquements une chaleur et une âme qui manque parfois cruellement à ce type de productions. Po ur ce faire, il peut user de la réverbération, travaillant et triturant une unique note pour en faire sortir le maximum de sons différents (“Dek Here”). Il sait également faire ressortir la rythmique interne de ses sons (“Ker35”) ou bien leur adjoindre une rythmique qui leur confère un statut mélodique (“PE” et “Blun”). On a parfois l’impression que Sogar se laisse déborder par les grésillements qu’il crée (“L3”), mais ceux-ci sont, en réalité, toujours maîtrisés, contenus, dans un perpétuel souci d’évasion pour l’auditeur qui, hypnotisé, se perd dans les paysages ainsi constitués. Les sons micro-électroniques y croisent alors des instruments plus classiques (guitare, orgue), mais la sérénité ambiante n’est a-ucunement troublée. [François B.]