Essmaa (FR)
Cintré d’une apparente froideur, cet album est surtout le refuge lumineux de souvenirs. Simon Scott (que l’on écoutait déjà avec un grand plaisir il y a quelques années dans Slowdive), nous livre quelques pièces entre prises de vues panoramiques et douces images d’automne. La musique intensifie son pouvoir évocateur, plissée dans des vêtures de glace, reflétée dans les effets lumineux sur une mer calme. Il y a l’idée d’éternité. Il y a l’image d’un horizon imaginaire dans les méandres de ces sonorités lumineuses, bordées malgré tout de gravité.
Entre deux rives, entre île et continent, entre jour et nuit, la musique serpente frappée d’un dernier rayon de lumière ; transporte autant d’espoir que de mélancolie. Apparaît alors l’intensité des tableaux d’Arnold Böcklin.
Une île au coucher du soleil, vers laquelle un rameur dirige une embarcation. Devant lui, un linceul blanc mystérieux. Une chrysalide que nous invite à confectionner Simon Scott pour le film de nos nuits ou de nos jours…
« La fin de la musique est de plaire et d’exciter en nous diverses passions, car il est certain qu’on peut composer des airs, qui seront tout ensemble tristes et agréables : Et il ne faut pas trouver étrange que la musique soit capable de si différents effets, puisque les élégies même, et les tragédies nous plaisent d’autant plus qu’elles excitent en nous de la compassion et de douleur et qu’elles nous touchent d’avantage. « – Descartes, traité de musique 1616