Review of Not A Leaf Remains As It Was [12k1069]

Dissolve (FR)

Pour la plupart des compositeurs oeuvrant dans le champ des musiques minimalistes, la voix est une donnée difficilement approchable. Trop présente, trop versatile, elle est le plus souvent délaissée au profit d’ambiances purement instrumentales. Les deux artistes californiens Steve Peters et Steve Roden ne font pas exception à la règle, et s’ils se sont finalement décidés à poser leurs voix sur <i>Not a Leaf remains as it was</i>, c’est au terme d’un lent processus qui les a d’abord vu faire office d’arrière plan vocal pour la chanteuse Anna Homler il y a plus de quinze ans avant de chercher par tous les moyens à dépouiller la voix de ses attributions pour un éventuel album chanté. Il leur fallait tout d’abord écarter le problème du sens, des mots, et puiser ailleurs leur matériau sonore. C’est donc sur une série de poèmes japonais écrit par des moines sur leur lit de mort que le duo a donc fixé son choix, sachant que ni l’un ni l’autre ne parle japonais, et que ce sont des fragments du texte, sortis de leur contexte, traduits ou non, qui ont été sélectionnés et « chantés » par Peters et Roden lors d’un enregistrement en résidence de trois jours lors duquel ils ont – autre contrainte auto-imposée – choisi de ne pas recourir aux instruments électroniques. Il en résulte un album incroyablement fragile, presque miraculeux, où chaque mouvement, si infime soit-il prend de l’importance. Ici, les voix flottent en apesanteur, semblant éveiller sur leur passage des mélodies fines où un orgue, une guitare, un mélodica, des craquements de feuilles ou des percussions boisées émergent lentement du silence avant d’y retourner. Le temps d’un souffle, tout se pose, puis s’évanouit… Cela faisait longtemps qu’on avait pas entendu sensation plus pure.

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