Review of Monocoastal [12k1063]

Liability (FR)

Le monde est violent, c’est une évidence. L’actualité nous le démontre chaque jour. Cependant, il ne l’est pas pour tout le monde. Marcus Fischer est de ceux qui, à défaut de le vivre, ont un regard particulier sur celui-ci. Un regard parti d’expériences de vie, de voyages, de rencontres. Les personnes qui optent pour le field recording sont en quelques sorte dans cette optique. Pour Monocoastal, Fischer est parti à l’exploration de l’océan Pacifique, récoltant des sonorités diverses les associations à des textures instrumentales singulières qui viennent caresser vos sens avec une approche innée de la sérénité. Si le field recording a un côté naturaliste, celui organisé par l’américain garde cette imperfection, cette incertitude qui donne cette impression que rien n’est jamais écrit. En somme, Monocoastal est le reflet d’une musique fataliste car elle laisse le cours des choses se dérouler de manière naturelle sans que l’on se dise que tout cela est bien le fait d’une construction de la pensée. Mais, fatalement, malgré tous ses efforts, on sait que ce n’est qu’un modelage de sons, une représentation musicale de paysages, incarnation d’immensité et d’éternité. Comme tous les autres, Fischer essaye d’approcher la vérité, une certaine vérité, la sienne, celle qu’on interprête. Elle n’est sans doute pas de ce monde ou, tout du moins, nous n’en sommes pas les détenteurs mais nous en avons une petite idée.

Et c’est cette idée que Marcus Fischer a voulu mettre sur pied avec cette musique discrète et sensible. Sa vision se défend et elle en vaut bien d’autres. Ceci étant, Monocoastal est un album d’une beauté évidente, à la grâce presque surnaturelle. Dans l’idée d’une musique contemplative, notre homme parvient à honorer son contrat et proposer huit compositions qui frôlent la perfection. Formellement, il n’y a pas grand chose à redire à ce disque qui, en quelque sorte, porte la digne marque du label 12k dirigé par l’esthète Taylor Deupree. Quelque part, Monocoastal a quelque chose d’assez classique si on reprend les termes du field recording et l’âme même de toute musique ambiant. Avec un souci pointilleux du détail, Fischer parvient à donner à chacune de ses pièces un caractère familier, une sorte d’environnement vierge dont rien ne saurait troubler la tranquillité. En ce sens, Monocoastal est un bijou d’introspection qui se suffit à lui même. Peu importe que les morceaux soient des plus abstraits, c’est la découverte de contrées sonores que l’on croyait oubliées et qui reviennent à la surface réveillant nos sens qui a vraiment de l’importance. Le reste devient alors négligeable.

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