Review of Northern [12k1037]

Ethereal (FR)

Il y a trois ans, Taylor Deupree nous livrait sur 12k, son propre label, Stil., excellent album de minimal techno fondé sur la répétition. Depuis, on l’avait surtout croisé dans des projets partagés : disques avec Kenneth Kirschner ou Christopher Willits, albums de remixes, etc. Northern est donc l’occasion de retrouver l’Etats-unien pour un travail solitaire.

Peut-être plus mélodique que Stil. (on est toutefois pas sur le terrain d’une electronica mélodique), Northern propose des séquences au chromatisme identifiable (petites notes, suites mélodiques comme en suspension, utilisation filtrée d’un mélodica, d’une guitare ou d’un piano électrique) que viennent à peine troubler quelques glitchs ou micro-larsens. Cet “apaisement” des sonorités, relayé par des tessitures plus “abordables” que par le passé, ne conduit toutefois nullement Deupree à verser dans la facilité, celui-ci s’évertuant, au contraire, à ne jamais laisser ses textures dans l’intranquilité.

Travaillant l’imagination de l’auditeur (également titillée par une pochette aux accents enneigés), cet album se veut le reflet du déménagement de Deupree, ayant quitté Brooklyn pour s’installer dans la forêt, via ces “vents électroniques” soufflant un air qui se voudrait engourdissant (“A Dead Yellow Carpet”) ou ces sonorités pas très éloignées du tintement de la glace (“Shell Shell Bye”). Arrivant même à rendre émouvant des textures dont on a pu souvent, lorsqu’utilisées par d’autres artistes, souligner le caractère désincarné, l’Etats-unien sait extraire d’un agrégat épuré des consonances quasi-poignantes (“Haze It May Be”).

Parvenant donc à conjuguer rigueur et esthétisme dans ses choix musicaux tout en rendant sa production un peu plus accessible que par le passé, Taylor Deupree signe avec Northern une nouvelle réussite, témoignage indéniable de la grande qualité de son auteur qui, sachant se faire rare en solo, n’intervient que pour le meilleur. – François Bousquet

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