Review of Sublunar [12k1072]

Chroniques Electroniques (FR)

L’australien Kane Ikin connaît déjà très bien le label 12k et son propriétaire Taylor Deupree, puisqu’il forme avec son camarade Paul Fiocco le duo Solo Andata. On se souvient du <i>Live à Melbourne</i> de 2007, de l’album éponyme ainsi que du LP <i>Ritual</i>, sorti chez Desire Path et masterisé par un certain James Plotkin. Le EP Contrail avait déjà transmis de belles promesses l’année dernière (déjà chez 12k). Même si la remarquable collaboration qu’il exécuta avec David Wenngren (Library Tapes) cette année sur le label Kesh de Simon Scott valait déjà des points, <i>Sublunar</i> est bel et bien le premier long format de Kane Ikin. Les nouvelles directions entamées depuis peu par 12k sont encore un peu plus palpables, à la vue du changement de packaging (après 10 ans de déjà très sérieux objets). L’album bénéficie de l’étiquette album de la semaine chez les très crédibles vendeurs de chez Boomkat. Voilà qui devrait encore un peu plus agiter les curieux, les inspirés clients réguliers de 12k ayant déjà à l’aveugle commandé leur copie.

Si l’electronica avait son versant post-rock, nul doute que <i>Sublunar</i> pourrait prétendre au titre de référence. Parce qu’il se situe à des années lumière de tous les clichés interstellaires de l’ambient, mais surtout parce qu’il déverse une avalanche de textures. L’effervescent côtoie donc le granuleux, le cristallin et l’électrique. L’opus dénote aussi au niveau du grain. Certains artistes de chez 12k (Giuseppe Ielasi, Christopher Willits…) ont le bon goût de soigner, parfois jusqu’à l’excès, la production au sens large et la spatialisation sonore qui en découle. Là n’est pas la priorité de Sublunar. Il est ici question de vifs contrastes. Entre la limpide pureté de certaines nappes et les aspérités volontaires de signaux radiophoniques perdus dans la stratosphère. Ou comme dans l’aspect éclaté de beats, qui ont l’intelligence de ne pas complètement éclore.

Si aucun titre n’atteint les cinq minutes, certains se payent même le luxe de ne pas dépasser les 2’30. Mais cela sans jamais sombrer dans l’aspect “vignette” de ceux qui savent démontrer leur trop plein d’idées, mais sans jamais aller au bout d’une seule. Vous vous doutez donc bien qu’on abordera (sans excès) très bientôt, le cas du dernier Flying Lotus, même si il officie dans un registre certes très différent. Souvent le temps est un bon maître, et le hasard un bon juge…

Revenons donc à ce qui nous occupe aujourd’hui : l’interminable descente d’un objet phono-graphique non identifié vers le plancher terrestre. Ceci en captant plutôt bien les résidus organiques qui parsèment sa dernière tribulation, entre conflits de substances et renforts analogiques. Inutile donc de préciser que cet opus n’atteindra pas les sommets de froideur de certaines (parfois excellentes) productions Ableton. Si l’outil n’est qu’un moyen de parvenir au résultat, quel qu’il soit, convenons que celui d’aujourd’hui peut prétendre à la pleine réussite. Saluons donc particulièrement Europa en ouverture, qui dévoile décidément des accointances communes au Code_Inconnu de Pleq et Nebulo (ici). Tout comme le ressac obsédant de Compression Waves, les cloches friables de Black Sands et tous ces tracks où l’australien étouffe le beat sans souffrances inutiles. Citons aussi les exceptionnels deux titres finaux, <i>In The Shadow Of The Vanishing Night</i> et Hyperion. Rien de trop, en tout la mesure.

Après les excellents albums de Gareth Dickson et Simon Scott, ou l’indispensable chef d’oeuvre de The Boats, 12k confirme avec <i>Sublunar</i> ses exceptionnelles, nouvelles et variées directions. Sublunar est assurément une des plus belles oeuvres ambient de l’année.

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